La construction du pont Charles de Prague a servi à remplacer l'ancien pont Judith emporté par la Vltava en crue. Il sera le seul pont permettant de traverser la Vltava jusqu'en 1741.
A l'endroit où le pont Charles relie aujourd'hui la Vieille ville à Malá Strana, se trouvait à l'origine vraisemblablement un gué. Les sources de l'époque mentionnent un pont praguois pour le transport du corps du duc Venceslas à Prague depuis Stará Boleslav où il fut assassiné - en 935. Un document de 1118 rapporte que l'eau de la rivière était monté jusqu'à dix aunes contre le pont. Il est donc établi qu'un pont, probablement en bois, se trouvait déjà là il y très longtemps.
Une longue tradition attribue la construction de ce pont à l'architecte Petr Parléř. Il a été avéré en 2007 que le véritable architecte était un certain Oto, dont on ignore tout sauf le sceau. Petr Parléř n'aurait achevé ce pont, comme le prouve sa marque un mur latéral retrouvé sous terre, lors des fouilles archéologiques de 2007(1).
La pose de la première pierre a eu lieu en 1357, selon les chroniqueurs. On ignore le jour précis. Le philosophe et astronome tchèque Zdeněk Horský a proposé le 9 juillet 1357 à 5 heures et 31 minutes, pour des raisons liée à l'astrologie. D'autres proposent le mois de juillet, ou encore le 15 juin pour la saint Guy.
Plusieurs légendes se rattachent à ce monument central de la ville. La plus célèbre raconte que le roi Charles IV, réfléchissant à la façon d'assurer l'immortalité du célèbre pont, ordonna - sur recommandation du maître d’œuvre - qu'on ajoute des œufs à la chaux, comme cela se fait avec la pâte. Le mortier deviendrait alors dur comme de la pierre. Mais bien que des chariots arrivèrent de la ville entière, le nombre d’œufs restait insuffisant. Le souverain ordonna alors que tous les propriétaires de poules apportent chaque œuf pondu sur le terrain de sa propriété.
Conformément à l'arrêté royal, des corbeilles, paniers, caisses et chariots remplis d’œufs affluèrent dans Prague. Il en vint aussi de Velvary, une petite ville au nord de Prague. Or ses échevins craignaient tellement que les œufs destinés à la construction du nouveau pont se casse durant le voyage qu'ils les firent cuire. Depuis, on dit de tous ceux qui arrivent à Prague en provenance de Velvary qu'ils ont la tête un peu dure.
La Tour de la Vieille Ville du Pont
Chaque extrémité du pont est protégée par une tour. Les historiens supposent qu'à l'origine le pont était plus long d'un pilier à chaque extrémité.
La tour gothique du côté de la Vieille ville (Staré Město), basée sur le second plilier du pont, date du tournant des XIVème et XVe siècles. Elle a été édifiée d'après les plans de Petr Parléř et construite par les maîtres d'oeuvre que Parléř employa pour la cathédrale Saint-Guy.
On prétend que c'est la plus belle tour médiévale d'Europe. Elle se vante de nombreuses sculptures, à commencer par son martin-pêcheur voilé, symbole de Venceslas IV, jusqu'aux importantes figures de l'histoire tchèque : on y trouve Charles IV et Venceslas IV, saint Adalbert, Sigismond et bien entendu saint Guy, le patron du pont. Toutes ces plastiques sont des chefs-d’œuvre du Moyen-Âge.
Près de la Tour de la Vieille Ville du Pont, Bradáč le "Barbon" veille sur les eaux de la Vltava. Il s'agit d'un bas-relief représentant la tête d'un homme barbu taillé dans la pierre, qui servait de repère fiable, facile à comprendre pour le peuple, pendant les inondations. La règle était que si l'eau atteignait le bas de sa barbe, la Vltava s'apprêterait à déborder et il était alors grand temps pour les riverains d'évacuer leurs maisons. Si l'eau arrivait à la bouche du Barbon, elle ne tarderait pas à se répandre dans les rues. Et si elle dépassait sa calvitie, l'eau attendrait la place de la Vieille Ville et les gens seraient contraints de se déplacer en bateau comme à Venise.
Après rénovation de l'endroit, le bas-relief du Barbon est actuellement accessible par un passage situé entre le bâtiment blanc à l'étoile rouge de l'Ordre des Croisés et le mur de la place. Il se trouve à droite de l'escalier en bois qui mène vers l’embarcadère de la Société nautique praguoise, point de départ des croisières touristiques.
Le socle dans le coin gauche de la tour n'est pas non plus sans intérêt. Le passant attentif y découvrira deux figures humaines, un homme et une femme. D'après son habit, l'homme représente un chevalier. La femme soulève sa robe. Pendant très longtemps, les gens ont cru qu'il s’agissait d'une représentation de Martin Luther et de sa femme, la religieuse Catherine de Bora. La scène devait sans doute exprimer la haine que ressentaient alors les catholiques envers les luthériens.
(Source : Légendes du vieux Prague, Plot, Prague, 2013)
Les statues du pont Charles
Une des attractions du pont sont certainement ses statues, œuvres de sculpteurs baroque renommés. Vous aurez sans nul doute l’occasion de voir des dizaines de personnes caresser un endroit très particulier de certaines d'elles afin de voir leur vœux les plus chers s'exaucer.
Les statue étaient ajoutées au pont au cours des siècles et ne faisaient pas partie du projet initial de Petr Parléř. Actuellement au nombre de 30, elles ont été créées notamment par Matyáš Bernarda Braun, Jano Brokoff et ses fils, Ferdinand Maxmilián, mais aussi de nombreux autres artistes.
C'est en 1683 que fut installée la première statue, celle de Jean de Nepomucène. Entre 1695 et 1696 la statue de la Piété a été installée, mais transférée plus tard vers la cours de l'hôpital en-dessous de Petřín. En 1700 le groupe de statues en l'honneur de saint Venceslas a été monté, mais n'a pas malheureusement non plus être conservé.
La période de 1706 à 1714 a été la plus importante en ce qui concerne la décoration pont, car vingt-six statues et groupes baroques fur installés sur le pont. Dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle le pont Charles fut honoré de nouveau, cette fois-ci sous la forme de la statue de saint Christophe et un groupe saint Venceslas nouveau. Enfin, la dernière œuvre sculpturale placée sur le pont fut le groupe Cyrille et Méthode en 1938.
En marchant à partir de la tour de la Vieille Ville vers Mala Strana, vous pouvez admirer ces statues : le groupe saint Ivo, sainte Barbora avec sainte Marguerite et sainte Elisabeth, le groupe de la Piété, la statue de saint François d'Assise, le groupe de saint François Borgia, sainte Ludmila, le groupe de saint François Xavier, le guerrier Bruncvik, une statue un peu à part construite un peu par hasard, saint Nicolas, sainte Luitgarde, saitn Adalbert, le groupe saint Jean de Matha avec saint Félix de Valois et saint Ivan, et saint Venceslas.
En retournant de Mala Strana à Staré Město, on trouve : Sousoší svatého Salvátora se svatým Kosmou a Damiánem, Socha svatého Víta, Socha svatého Filipa Benicia, Socha svatého Kajetána, Socha svatého Augustina, Socha svatého Judy Tadeáše, Socha svatého Antonína Paduánského, Socha svatého Jana Nepomuckého, Sousoší svatého Norberta se svatým Václavem a svatým Zikmundem, Socha svatého Jana Křtitele, Sousoší svatého Cyrila a Metoděje, Socha svaté Anny, Sousoší svatého Kříže s Kalvárií, Sousoší Madony se svatým Dominikem a svatým Tomášem Akvinským a na samém konci Sousoší Madony se svatým Bernardem.
La sculpture de Saint-Sauveur avec Saint-Côme et Damien, saint-Guy, saint-Philippe Benicia, saint Cajetan, saint Augustin, saint Jude Thaddée, la statue de saint Antoine de Padoue, saint Jean Népomucène, groupe de saint Norbert avec saint Venceslas et saint Sigismond, saint Jean-Baptiste, saint Cyrille et Méthode, sainte Anne, la sainte Croix du Calvaire, la statue de la Vierge avec saint Dominique et saint Thomas d'Aquin et enfin de la statue de la Vierge avec saint Bernard.
Ce monument fait partie de l'excursion guidée "Voie royale" que vous pouvez réserver sur ce site.